Les couloirs feutrés du Palais des Nations de Genève bruissent d'une activité intense en ce mois de janvier 2025. Plus de 190 délégations nationales s'y sont rassemblées pour ce qui pourrait devenir un tournant historique dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Un contexte d'urgence sans précédent

L'année 2024 s'est achevée sur un constat alarmant : les températures mondiales ont dépassé pour la première fois la barre symbolique des 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. Ce seuil, que les accords de Paris de 2015 s'étaient engagés à ne pas franchir, marque un point de non-retour dans la perception de l'urgence climatique.

Les événements météorologiques extrêmes se sont multipliés aux quatre coins du globe. Des inondations dévastatrices en Europe centrale aux sécheresses historiques en Afrique de l'Est, en passant par les mégafeux qui ont ravagé l'Amérique du Nord et l'Australie, la nature semble rappeler à l'humanité l'urgence d'agir.

"Nous ne négocions plus seulement des pourcentages de réduction d'émissions. Nous négocions la survie de civilisations entières, de cultures millénaires, d'écosystèmes irremplaçables." — Maria Santos, représentante des petits États insulaires

Les points de tension

Plusieurs sujets cristallisent les désaccords entre les parties prenantes :

Le financement de la transition

Les pays en développement réclament une augmentation substantielle de l'aide financière promise par les nations industrialisées. Le fonds vert pour le climat, censé atteindre 100 milliards de dollars annuels, reste largement sous-financé. Les négociateurs du Sud global demandent désormais un engagement de 500 milliards de dollars par an d'ici 2030.

La sortie des énergies fossiles

Si l'accord de Dubaï de 2023 avait acté pour la première fois la nécessité d'une "transition hors des énergies fossiles", le calendrier et les modalités de cette sortie restent âprement discutés. Les pays producteurs de pétrole et de gaz naturel plaident pour une approche graduelle, tandis que les petits États insulaires et les nations les plus vulnérables exigent une accélération drastique.

Les avancées prometteuses

Malgré les tensions, des progrès significatifs ont été enregistrés dans plusieurs domaines :

  • Accord sur un mécanisme de surveillance renforcé des émissions nationales
  • Création d'un fonds d'urgence pour les pertes et dommages climatiques
  • Engagement de 50 pays supplémentaires sur la neutralité carbone d'ici 2050
  • Lancement d'une initiative mondiale de protection des forêts tropicales

Les regards tournés vers l'avenir

Les négociations doivent se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine. Les observateurs s'accordent à dire que les prochaines 48 heures seront décisives. L'enjeu dépasse largement le cadre diplomatique : c'est l'avenir même de notre planète qui se joue dans ces salles de conférence.

Les mouvements citoyens, très présents aux abords du Palais des Nations, maintiennent la pression sur les négociateurs. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé hier dans les rues de Genève, rappelant aux décideurs que le temps des demi-mesures est révolu.